Le Royaume Bafokeng, l'autre "pays"-hôte du Mondial

Publié le par Pierrick Lieben

Le Ghana affronte l'Australie ce samedi, pour le deuxième match du groupe D. Soit, me direz-vous. Si cette affiche ne vous fait pas plus d'effet que cela, peut-être serez-vous plus intéressé par l'histoire du stade qui va accueillir la rencontre.

 

Les supporters du Ghana vont tenter de remplir le stade de Phokeng...

Les supporters du Ghana vont tenter de remplir le stade de Phokeng...

 

Désigné par la FIFA comme l'enceinte de Rustenburg, le Royal Bafokeng Sports Palace est en réalité situé à une quinzaine de kilomètres de la petite ville minière, à Phokeng. Et Phokeng, ce n'est plus totalement l'Afrique du Sud... c'est le territoire d'un peuple africain, les Bafokeng.

 

Juste avant Angleterre-Etats-Unis, premier des six matches prévus dans ce stade, j'ai écrit cet article pour le journal Le Parisien/Aujourd'hui en France, daté du 12 juin, et reproduit ici en version originale.

 

 

Le stade de Rustenburg, joyau de la couronne Bafokeng

 

Quand l’Angleterre et les Etats-Unis s’affronteront, demain, au Royal Bafokeng Stadium, pour le premier match du groupe C, les deux sélections ne seront plus vraiment en Afrique du Sud. Elles joueront sur le territoire des Bafokeng, l’un des peuples les plus riches du pays.


La petite communauté de 300.000 personnes s’est offert le luxe d’une rénovation en profondeur de son stade, pour un coût supérieur à 35 millions d’euros, complété par la construction d’un complexe sportif et hôtelier, le Royal Bafokeng Sports Palace, mis à la disposition de Wayne Rooney et ses coéquipiers, pour toute la durée de la compétition.

 

« Nous comptons sur l’effet psychologique de cette Coupe du monde, explique Susan Cook, en charge de la planification pour l’administration Bafokeng. Si ces habitants voient qu’ils peuvent accueillir avec succès l’événement sportif le plus important au monde, ils auront confiance en eux-mêmes et ils sauront qu’ils peuvent réaliser tout ce qu’ils souhaitent ».

Le Roi des Bafokeng, Kgosi Leruo Molotlegi - AFP


Et des projets, le Roi Kgosi Leruo Molotlegi n’en manque pas pour son peuple. Cet architecte de formation en a les moyens : ses sujets et lui sont assis sur l’une des réserves de platine les plus importantes de la planète. Les trois-quarts de la production mondiale de ce métal, très prisé par l’industrie automobile, proviennent des sous-sols de la région et remplissent les caisses de l’administration royale.


Cette manne minérale, les Bafokeng la doivent à leur chef Mokgatle. Pour conserver ses terres, face à l’avancée des colons boers, au début du XIXè siècle, le Roi a envoyé ses hommes travailler dans les mines de diamants. Avec l’argent récolté, il a racheté son « pays ». Ce qui était à l’origine une reconquête patrimoniale est devenu un investissement fructueux, lorsque les premiers gisements de platine ont été découverts. Mais les Bafokeng ont encore dû batailler en justice pour obtenir, en 1999, 20% des revenus tirés des mines de leur territoire.


Avec ce pactole, le Conseil suprême de 82 sages, qui fait office de gouvernement local, s’est lancé dans une vaste politique de d éveloppement. Deux programmes doivent  permettre au peuple de mettre fin à sa dépendance au précieux métal : Vision 2020 et le Masterplan,  établis sur plusieurs décennies, misent  sur l’éducation, le sport et le tourisme. « L’objectif, explique Susan   Cook, est de transformer cette communauté rurale, systématiquement Le Royal Bafokeng Sports Palace - Pierrick Lieben 2010négligée, pour qu’elle rattrape le reste du monde et ne dépende plus que de ses propres compétences ».


Une « Ecole d’Excellence » doit ainsi ouvrir en septembre, pour devenir un « Oxford » africain. « C’est vraiment un super Roi, s’enthousiasme Alain Le Marrec, un Français installé sur le territoire Bafokeng. Il ne la joue pas à l’africaine – « je me tape tout pour moi, les autres se débrouillent ». Il a compris que le vrai pouvoir passait par l’éducation ». Mais les grands chantiers royaux laissent la population perplexe. Cette vision à long terme semble à certains en décalage avec leurs problèmes du quotidien. Le chômage frôle les 40% dans la région et une famille vit en moyenne avec 60 euros par mois.

   


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FCR FrenchBlog Feb2010

 

Publié dans Corner

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