27 avril - Elle est née, la démocratie sud-africaine !
J -44 avant le début de la Coupe du monde de football, mais il y a 16 ans...
Sans surprise, l'ANC de Nelson Mandela remporte l'élection avec 62,65% des voix. Le 10 mai, Madiba devient officiellement le premier Président noir de la République, le premier chef d'Etat de la "nouvelle Afrique du Sud".
Son investiture officielle, le 10 mai, reste l'un des souvenirs les plus forts qu'ait vécu Didier Lemaire dans le pays. Ce prêtre français était alors missionnaire à Soweto.
Le renouveau du 27 avril
La journée est désormais fériée en Afrique du Sud. On l'appelle le "Freedom Day", Jour de la Liberté.
Mais cette année, le Président Jacob Zuma a décidé d'y associer une célébration particulière, avec l'espoir d'instituer ainsi une nouvelle tradition républicaine.
Jacob Zuma, lors de la cérémonie des National Orders - Pierrick Lieben 2010
Il a ainsi fait coïncider le 27 avril avec la remise des National Orders, l'équivalent de nos Légions d'Honneur.
Cette date, a-t-il expliqué "marque le jour où nous avons, tous ensemble, enterré l'apartheid et sommes entrés dans une ère de liberté, de justice et de non-racialisme. (...) C'est aussi le jour où nous avons prouvé au monde que nous étions une nation unique. Nous avons démontré que nous étions capables de surmonter le système d'apartheid pour construire un pays qui appartient à tous".
"Ces idéaux (de liberté, d'égalité, de paix et de justice) se retrouvent dans les National Orders", a-t-il expliqué pour justifier son choix.
Coup d'oeil sur la promotion 2010
Année de la Coupe du monde de football oblige, la cérémonie n'a pas échappé à la fièvre du ballon rond.
L'Afrique du Sud a ainsi décidé d'honorer Sepp Blatter, le président de la FIFA, pour son "exceptionnelle contribution au développement du sport et son soutien à l'organisation d'une Coupe du monde sur le sol africain".
Autre ponte décoré, Issa Hayatou, le président de la Confédération africaine de football, pour ses efforts "en faveur du développement du foot en Afrique".
Clin d'oeil plus local, la Makana Football Association a également reçu un Ordre national.
Cette ligue est un cas atypique dans l'histoire : elle a été montée sur l'île-prison de Robben Island, par les détenus politiques de l'apartheid. Ils se sont battus contre l'administration pénitentiaire pour obtenir le droit d'organiser un championnat, selon les strictes règles définies par la FIFA. Un combat symbolique dans l'un des lieux les plus lugubres et sinistres du régime raciste.
Ancien prisonnier politique, Jacob Zuma a d'ailleurs rappelé qu'il avait été lui-même capitaine d'une équipe, arbitre et lauréat du titre de meilleur joueur de la Makana Football Association, à l'issue de l'une de ses saisons !
Le bonus de French Bafana
L'Afrique du Sud a célébré sa liberté et ses héros en ce 27 avril... Je vous propose donc de mettre votre main sur le coeur et d'écouter solennellement l'hymne national sud-africain !
Ce chant est un exemple parfait de la réconciliation symbolique, voulue par Nelson Mandela, après 1994.
A l'origine, Nkosi sikelel' iAfrika ("Que Dieu bénisse l'Afrique") est une chanson xhosa (l'une des onze langues officielles) écrite en 1897, et considérée par la suite comme l'hymne national de la majorité noire, par opposition à celui de la République blanche, Die Stem ("L'Appel").
En 1996, ces deux chants, jusque là concurrents, fusionnent en un seul morceau.
Ce qui donne aujourd'hui une strophe en xhosa, une autre en sotho, une troisième en afrikaans et une dernière en anglais. Certes, pas facile à apprendre, mais un bel exemple de syncrétisme et de promotion de l'unité nationale !
Si je résume, il vous reste un peu plus d'un mois pour l'apprendre par coeur et frimer devant les copains, lors du match Afrique du Sud-France, le 22 juin... Chiche ?